Réduction de la pression de prédation occasionnée par les cormorans à aigrette en migration automnale au lac Saint-Pierre
Réduction de la pression de prédation occasionnée par les cormorans à aigrette en migration automnale au lac Saint-Pierre : Évaluation de l’efficacité des dispositifs dissuasifs aux sites de repos à l’été et l’automne 2023.
En 2023, les objectifs
spécifiques étaient d’aménager l’ensemble des 11 structures d’aide à la
navigation à l’aide d’un filet, et de mesurer l’impact de ces installations par
différentes techniques de décompte d’individus à échelles géographiques variables
afin de comparer les observations avec les états de référence établis en 2021
et 2022. Ces travaux ont permis de constater que l’installation de dispositifs
anti-cormorans a fortement réduit de nombre d’individus au repos et en
alimentation, et ce pour l’ensemble de la période migratoire. Cela a permis de
soustraire un minimum de 62 et 17 tonnes (respectivement pour une comparaison
2023-2022 et 2023-2021) de poissons à la consommation totale des cormorans au
lac Saint-Pierre pendant cette période. La présence d’aménagement ne semble pas
avoir modifié leur utilisation d’habitat à l’échelle régionale, mais un nombre
restreint d’individus a été observé sur des sites de repos alternatifs à
l’échelle locale.
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Le lac Saint-Pierre est un site de rassemblement de cormorans à aigrette (Nannopterum auritum) lors de leur migration automnale vers le sud. Chaque année, ils s’y rassemblent sur les structures d’aide à la navigation le long de la voie navigable, et s’alimentent activement dans les herbiers aquatiques en périphérie du lac. Le présent projet avait pour but de réduire le nombre de cormorans présents dans le lac Saint-Pierre pendant cette période. En 2023, les objectifs spécifiques étaient d’aménager l’ensemble des 11 structures d’aide à la navigation à l’aide d’un filet, et de mesurer l’impact de ces installations par différentes techniques de décompte d’individus à échelles géographiques variables afin de comparer les observations avec les états de référence établis en 2021 et 2022. Ces travaux ont permis de constater que l’installation de dispositifs anti-cormorans a fortement réduit de nombre d’individus au repos et en alimentation, et ce pour l’ensemble de la période migratoire. Cela a permis de soustraire un minimum de 62 et 17 tonnes (respectivement pour une comparaison 2023-2022 et 2023-2021) de poissons à la consommation totale des cormorans au lac Saint-Pierre pendant cette période. La présence d’aménagement ne semble pas avoir modifié leur utilisation d’habitat à l’échelle régionale, mais un nombre restreint d’individus a été observé sur des sites de repos alternatifs à l’échelle locale. Même si les résultats obtenus en 2023 sont encourageants, une année d’évaluation supplémentaire – identique à 2023 – est nécessaire pour mesurer adéquatement une telle réponse comportementale ainsi que pour s’assurer de ne pas entraîner d’effets indésirables à l’échelle locale et régionale. En effet, un niveau d’eau plus bas qu’en 2023 pourrait rendre une plus grande superficie d’habitat disponible pour le repos des cormorans, et ainsi contrebalancer l’effet des filets. De même, considérant le comportement grégaire de cette espèce, les cormorans pourraient amplifier leur utilisation de sites de repos alternatif et limiter les gains écologiques de cette initiative.
Le lac Saint-Pierre, dans le fleuve Saint-Laurent, constitue une halte migratoire d’importance pour les cormorans à aigrette (Nannopterum auritum; ci-après «cormoran») en migration automnale vers leurs sites d’hivernage. Chaque année, le nombre de cormorans présents au lac Saint-Pierre augmente graduellement à partir du mois d’août pour atteindre une valeur maximale située entre 3 000 et 5 000 individus vers la mi-septembre, puis diminue graduellement jusqu’à la mi-octobre (Brodeur et Paquin, 2021; GCNWA, 2022, 2023). Pendant cette période, les cormorans utilisent les structures d’aide à la navigation situées au centre du lac comme sites de repos et s’alimentent de poissons (dont la perchaude, espèce en déclin à l’échelle locale) dans les milieux peu profonds (Brodeur et Paquin, 2021; GCNWA, 2022, 2023). Il est supposé que ces structures d’aide à la navigation aient favorisé l’implantation et l’expansion démographique du cormoran dans ce secteur.
Il a été estimé qu’un cormoran adulte peut consommer quotidiennement 0,47 kg de poisson (Weseloh et Casselman, 1992; Johnson et al., 2005). Localement, en termes de biomasse consommée, la diète des cormorans serait composée à 11% de poissons inférieurs à 100 mm de longueur et à 3% de perchaude de stade 0+ (Paquin et Brodeur, 2021). Ces gammes de tailles représentent une partie du stock de recrutement annuel au lac Saint-Pierre.
Pour réduire localement l’impact potentiel engendré par cette pression de prédation, il a été proposé de réduire la capacité d’accueil du lac Saint-Pierre pour les cormorans en migration automnale par le biais de l’aménagement de leurs principaux sites de repos, soit les structures d’aide à la navigation situées le long du canal de navigation.
Aux étés et automnes 2021 et 2022, la Nation Waban-Aki a réalisé des tests d’aménagement respectivement sur deux et quatre structures d’aide à la navigation. Ces travaux ont démontré que l’utilisation d’un quadrillage de câbles surélevés y limite la capacité d’accueil de cormorans au repos (voir GCNWA, 2023). Les différents suivis réalisés en parallèle ont permis de bien monitorer l’évolution démographique locale des cormorans en migration, de localiser précisément les sites d’alimentation au lac Saint-Pierre, et de documenter l’utilisation d’autres sites de repos à l’échelle régionale.
Le présent document rapporte les différentes interventions liées aux travaux de l’été et de l’automne 2023, visant à réduire le nombre de cormorans présents dans le lac Saint-Pierre pendant la période de migration automnale. Les objectifs spécifiques étaient de :
1)Aménager la totalité des 11 structures d’aide à la navigation à l’aide d’un filet surélevé, selon les recommandations de modification du dispositif énoncées par GCNWA (2023).
2)Mesurer l’effet de ces aménagements sur la population migratrice de cormorans, en comparant les données à celles des années antérieures, en ce qui a trait à leur utilisation des habitats de repos et d’alimentation à l’échelle locale et à leur utilisation des habitats de repos à l’échelle régionale.
Dufour-Pelletier, S. et V. Fortin-Castonguay, 2024. Réduction de la pression de prédation occasionnée par les cormorans à aigrette en migration automnale au lac Saint-Pierre : Évaluation de l’efficacité des dispositifs dissuasifs aux sites de repos à l’été et l’automne 2023. Nation W8banaki, 38 pages et annexes.